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Les impayés de crédit ont atteint 22 milliards d’euros en juin 2020. Pour se prémunir des risques, les banques revendent ces «crédits douteux» à des sociétés de recouvrement, dont les méthodes posent question, selon les associations de consommateurs France Conso Banque et UFC-Que choisir.

Par Victor TASSEL – Le Parisien – 28 janvier 2021

Crédits impayés : des particuliers «jetés en pâture», dénonce l’UFC-Que choisir – Le Parisien

Des acteurs voraces, prêts à tout pour récupérer les sommes dues, quitte à user du harcèlement et mettre la tête du consommateur. Voilà le portrait des sociétés de recouvrement dépeint par une étude, publiée ce jeudi par UFC-Que choisir. Selon 400 dossiers étudiés par l’association de consommateurs, les signalements concernant les agissements des sociétés de recouvrement augmentent de 15 %. « Les ménages français sont jetés en pâture à ces sociétés aux pratiques scandaleuses. Tout cela à cause de l’imprudence des banques! » dénonce Matthieu Robin, chargé de mission à l’UFC-Que choisir.

Près de 1700 euros par ménage emprunteur

Cette hausse des litiges trouve sa source, selon l’étude, dans l’explosion des crédits impayés. A juin 2020, ils ont atteint 22 milliards en France, selon l’Autorité bancaire européenne (ABE), tous crédits confondus (consommation et immobilier). C’est 1,6 % de plus qu’en décembre 2019. Cela représente près de 1700 euros par ménage emprunteur, soit neuf fois plus qu’en Allemagne (191 euros). « Ce n’est pas étonnant. Avec l’impact de la crise économique, les particuliers rencontrent des difficultés à rembourser leurs crédits souscrits avant le Covid », explique Estelle Brack, fondatrice du cabinet en stratégie KiraliT et économiste spécialiste des banques.

Face à ce manque à gagner, et aux coûts qu’il engendre, les réseaux bancaires revendent ces crédits dits « pourris » à un prix dérisoire à des entreprises extérieures, le plus souvent des sociétés de recouvrement. « Les banques préfèrent se libérer des procédures internes qui impliquent de mobiliser des moyens humains », explique Thierry Gingembre, président du Syndicat national des cabinets de recouvrement et de renseignements commerciaux (ANCR).

Libérer les bilans des banques en vue de la relance

Cette pratique, légale et courante, est amenée à s’accentuer dans les mois à venir. En décembre dernier, en effet, la Banque centrale européenne (BCE) a émis une directive sur ces « non-performant loans » (NDLR : prêts non performants) pour inciter les établissements bancaires à les revendre à des tiers. « Cela vise à dégager le bilan des banques pour qu’elles soient en mesure, dans les prochains mois, de délivrer des crédits aux entreprises pour relancer l’économie », analyse Estelle Brack.

Ce nouveau « marché » des sociétés d’achat de créance pourrait peser jusqu’à 7 milliards d’euros en 2021. « C’est une aubaine pour elles ! Elles n’hésitent pas à mettre la pression, ou à proposer des remboursements impossibles à assumer par l’emprunteur. Il faut assainir le secteur pour éviter les dérives », argue Michel Guillaud, président de France Conso Banque, association de consommateurs spécialisée dans les relations avec les banques.

C’est justement l’objet des négociations menées à l’échelle européenne avec l’ensemble des acteurs. A l’avenir, les sociétés de rachat de créances pourraient être contraintes de joindre l’acte de cession quand elles rentrent en contact avec l’emprunteur. Elles devraient, également, être obligées de s’assurer que le ménage est en mesure de faire face au remboursement des échéances proposées.

Mieux accompagner les emprunteurs en difficulté

« En pratique, c’est déjà le cas puisque nous n’avons aucun intérêt à proposer un échéancier que le particulier ne peut rembourser, sinon nous ne sommes pas rémunérés, souligne Thierry Gingembre. Nous ne sommes pas des harceleurs. S’il y a des dérives, elles sont individuelles. Il vaut mieux avoir affaire à nous qu’à la justice après une procédure engagée par une banque. »

Aux yeux de l’UFC-Que choisir, il est préférable d’éviter les deux. Matthieu Robin appelle les réseaux bancaires à « mieux accompagner » les emprunteurs en difficulté. Le chargé de mission pointe que « seulement 30 % » des banques proposent des restructurations de crédit. De son côté, la Fédération bancaire française affirme que la mobilisation des banques « ne faiblit pas » pour aider leurs clients à surmonter « les difficultés consécutives à la crise sanitaire ».

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